Shivala Morfoisse dhrupad.fr@gmail.com
Bertrand Canac bcanac@gmx.fr
Février 2023
Cet article étudie certaines connexions qui existent entre les notes dans la musique indienne et les planètes dans l’astrologie védique.
Contexte
Le Veda (connaissance), est réputé pour être la plus ancienne tradition de connaissance sur terre. Ces dernières décennies, grâce au sage indien Maharishi Mahesh Yogi, le Veda a retrouvé sa signification profonde. Beaucoup plus qu’une tradition de connaissance, Maharishi présente le Veda comme “la constitution de l’univers” ou “le plan de la création”.
De même que la graine contient toutes les informations de l’arbre, que notre ADN contient toute la connaissance de l’organisation, des mécanismes et de la structure de notre corps, le Veda contient toute la connaissance des lois qui construisent et font fonctionner l’univers.
L’univers comme expression du Veda
Les différentes sciences védiques qui sont des extensions du Veda, expriment comment les lois de la nature, d’abord unifiées à leur source, se diversifient et se manifestent dans la diversité de l’univers. L’univers est donc une expression du Veda.
Pour valider scientifiquement cette découverte fondamentale, Maharishi a demandé à un neurologue, le Dr. Tony Nader, de rechercher le Veda et la littérature védique dans la physiologie humaine.Les résultats de 10 ans de recherche du Dr. Tony Nader sous la direction de Maharishi montrent une corrélation incroyablement précise de la littérature védique et de la physiologie humaine, à la fois dans leurs structures et leurs fonctions.
Ces découvertes fondamentales pour la science ont été publiées dans le livre “Human Physiology: Expression of Veda and the Vedic Literature”.

Dans le même but de montrer comment le cosmos est l’expression du Veda, en 1998, Maharishi a demandé au département Musique et Gandharva Veda de l’Université de Management Maharishi (MUM), à Fairfield, Iowa, USA, de rechercher les correspondances entre les notes de musique, l’astronomie, l’astrologie, et les sciences.
Shivala était alors étudiante et responsable du département musique à MUM.
Un raga est un “système solaire”
Un article issu d’une recherche en astronomie a fortement intéressé Shivala. En résumé, la recherche montrait qu’il existe une profonde harmonie sous-jacente à la structure de notre système solaire.
Les chercheurs ont mis en évidence que si une seule planète était déplacée artificiellement de son orbite, ne serait-ce que très légèrement, l’équilibre délicat qui relie les planètes entre elles serait rompu et tout le système solaire serait bouleversé.
Plusieurs années plus tard, après avoir étudié et compris le fonctionnement des gammes du Dhrupad (forme la plus pure et ancienne connue de la musique védique ou Gandharva Veda), Shivala a découvert que chaque Raga, qui est fondamentalement une gamme, peut être comparé à un système solaire dont les notes seraient les planètes. La beauté et l’effet harmonisant du raga sont produits par la relation harmonieuse de toutes les notes de la gamme entre elles, résultat de la position très précise de chaque note. Si une seule note de la gamme est décalée, ne serait-ce que légèrement, la beauté et l’harmonie du raga sont détruites.
Note : aujourd’hui 150 ragas sont encore joués en Inde (sur 300). Soit 150 gammes différentes.
Musique et astrologie
Récemment, Shivala et Bertrand Canac ont découvert des correspondances frappantes entre les notes et les planètes telles qu’elles sont décrites dans le Jyotish (astrologie védique).
Le rapport 7 sur 12 est au cœur de la musique et de l’astrologie védique.
Pour comprendre l’intimité de cette relation 7/12 il faut connaître quelques points communs et différences entre la gamme occidentale et la gamme indienne.
Note : dans cet article les termes “musique indienne”, musique védique” et Gandharva Veda” sont synonymes.
Points communs des Musiques occidentale et indienne
1. La gamme comporte 7 notes, 7 noms de notes pour être plus précis. Ces noms diffèrent selon les pays :
- Pays de langues latines : DO, RE, MI, FA, SOL, LA, SI
- Pays anglo-saxons : A, B, C, D, E, F, G
- Musique indienne : SA, RE, GA, MA, PA, DHA, NI
2. Ces 7 notes sont réparties sur une échelle de 12 échelons, soit positionnées tous les 2 échelons (intervalle de 1 ton), soit chaque échelon (intervalle de 1/2 ton). 3. Pour obtenir la gamme complète des 12 demi-tons (gamme chromatique), on ajoute aux notes 2 altérations : diminution et augmentation. Une note peut donc être naturelle, ou diminuée de 1/2 ton ou augmentée de 1/2 ton.
3. Pour obtenir la gamme complète des 12 demi-tons (gamme chromatique), on ajoute aux notes 2 altérations : diminution et augmentation. Une note peut donc être naturelle, ou diminuée de 1/2 ton ou augmentée de 1/2 ton.
Noms des altérations
Altération | Musique occidentale | Musique indienne |
Sans | Naturelle | Shudh (pure) |
Diminuée 1/2 ton | Bémol (♭) | Komal (RE GA DHA NI) |
Augmentée 1/2 ton | Dièse (♯) | Tivra (ḾA) |
Différences entre Musique occidentale et indienne
Une étude comparative minutieuse met en évidence que la musique occidentale a pris source dans la musique indienne et qu’au fil du temps pas mal de subtilités ont été perdues.Pour rester dans le contexte de l’article nous allons voir seulement les différences qui nous intéressent.
Musique occidentale
- La TONIQUE peut être n’importe quelle note (DO, RE, MI, FA…)
- Toutes les notes peuvent subir une altération. Résultat : une même note peut avoir plusieurs noms. Par exemple DO dièse = Ré bémol… Pas très systématique comme système !
Musique indienne
- SA n’est pas seulement la première note de la gamme. Contrairement à DO dans la gamme occidentale, SA est toujours la note de référence, la TONIQUE. Étant la note de référence, elle ne peut être ni diminuée ni augmentée.
- De même PA, (la dominante ou quinte) qui est la deuxième note la plus importante de la gamme ne peut être altérée.
- MA (la quarte) peut être augmentée (Tivra) mais pas diminuée.
- RE, GA, DHA, NI peuvent être diminuées (Komal) mais pas augmentées.
C’est ce caractère très systématique de la gamme indienne qui permet de relier précisément les notes de la musique indienne à l’astrologie védique.

Le Jyotish (astrologie védique) comporte 7 Graha (souvent traduits par planètes, bien que le soleil et la lune ne sont pas véritablement des planètes) et 12 Rashi (signes).
Chacun des 12 signes est contrôlé par 1 planète, qui est son maître.Les 2 “planètes” les plus importantes, le soleil et la lune, ne sont maître que d’un seul signe.Les 5 autres planètes sont chacune maître de 2 signes. La tradition du Jyotish dit que Surya (le soleil) qui représente le roi, et Chandra (la lune) qui représente la reine, ont choisi leur demeure cote à cote. Le soleil a choisi le signe du Lion et la lune le signe du Cancer.
Ensuite le soleil et la lune ont chacun alloué à chaque planète un signe de leur côté. C’est ainsi qu’il y a une correspondance exacte entre :
- Les 2 planètes les plus importantes (soleil et lune) et les 2 notes les plus importantes (SA et PA) qui occupent 1 seule position,
- Les 5 autres planètes et les 5 autres notes qui occupent chacune 2 positions.


L’association que nous faisons dans ces tableaux de chaque note avec une planète et un signe n’a pas encore de base scientifique.Cependant, on notera que les notes pures et augmentée à droite ont une énergie plus lumineuse et joyeuse, donc solaire, et correspondent à la gamme majeure en musique occidentale.
De même, les notes diminuées à gauche sont plus sentimentales ou nostalgiques, donc lunaires, et correspondent aux gammes mineures occidentales.
Note technique importante
Le mot “Précision” dans la position des notes en musique indienne ne signifie pas qu’il y a une position unique par note comme dans la musique occidentale. En musique indienne, une note est toujours une relation harmonique avec la tonique, exprimée mathématiquement par une fraction. De nombreuses fractions possibles pour une même note donnent une richesse incomparable à la musique indienne. On peut comparer un Raga (une gamme) à un Yoga dans l’astrologie védique (une combinaison de positions spécifiques de certaines planètes qui produit une influence spécifique). Une autre façon d’illustrer ce point important pour mieux le comprendre est de comparer les différentes fractions possibles d’une note aux différents degrés de position des planètes dans les signes.
Conclusion
Cette démonstration, à l’aide du rapport 7/12, montrant une correspondance très précise entre la musique et l’astrologie contribue à nous faire comprendre que les sciences védiques n’ont pas été inventées mais sont basées sur des constantes universelles qui sont les lois de la nature.
Un autre élément très intéressant : les 7 notes et 12 demi-tons de la gamme peuvent également être compris en termes de cycles en incluant l’octave (8e note). On obtient alors le rapport 8/13 qui représente le nombre d’or, une autre constante dans la nature.
Pour ajouter une touche poétique (et bien plus), Maharishi a dit que le mouvement des planètes est tel qu’il est parce que les planètes aiment ce mouvement. Et Mozart de dire :
“Mon travail consiste à mettre ensemble les notes qui s’aiment”.
Les astres comme les notes sont faits de conscience et donc sont des êtres vivants et sensibles…
« La musique Gandharva est la mélodie éternelle de la Nature, chantée spontanément à tous les niveaux de la création, du plus infime à l’immense univers en perpétuelle expansion.”
– Maharishi Mahesh Yogi
Références
– Site de Shivala : http://dhrupadmusic.com/
– Livre du Dr Tony Nader : “Human Physiology: Expression of Veda and the Vedic Literature” Maharishi Vedic University, 2000 – 610 pages
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